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La Marseillaise

La Marseillaise, évidemment. Seul Chant qui peut s’entreprendre spontanément par un chœur composé sans distinction d’âge, de sexe, de religion, de couleur ou de talent. Seul chant qui porte une équipe de football japonaise ou de rugby basque, autant qu’il n’est clamé en dernière liberté subversive à la face des bourreaux serviles d’un peloton d’exécution. Seul chant qui, des fossés de la Commune aux tranchées de Verdun, des fusillés de l’affiche rouge aux otages du Liban, fût l’ultime et insolent testament de ceux qui ne vivraient jamais à genoux. Seul chant que s’approprièrent d’égale manière les combattants de Diên Biên Phu, les uns pour appeler au courage de leurs aînés, les autres pour revendiquer à la face du Monde, le droit inaliénable d’un Peuple à la Liberté face à l’injustice des guerres coloniales. Terrible leçon que les troupes de Giap donnèrent à celles de M. Bigeard, et comme celui-ci a du mesurer la véritable ampleur de la défaite, lui qui moins de dix ans auparavant combattait l’occupant nazi au son des mêmes refrains, s’est-il souvenu que les hommes se battent pour un idéal et non par ordre ?

La Marseillaise encore, car bouclier et glaive nécessaires aux principes de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1789 qui nous rappelle que la Liberté n’est ni une évidence, ni un acquis définitif, que celle-ci mérite et exige qu’on la défende, que la tolérance ne peut se confondre avec la lâcheté, et qu’il n’y a pas de droit sans courage. Une leçon et une mise en garde fondamentale pour tous droits de l’hommiste, un peu bobos qui croient naïvement que leur fauteuil est une citadelle imprenable, et l’injuste violence, une maladie lointaine, dont ils sont à jamais exonérés. Un avertissement aussi à ceux qui pensent que d’autres ont la charge de leur bien-être, car « Marchons » est bien un impératif égalitaire collectif, auquel répond « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Ce sont nos sillons et nos sangs, nos sangs mêlés, et non pas celui d’une noblesse ou tout autre forme d’élite militaire prétorienne et parfois mercenaire, qui garantirait la propriété d’une caste foncière, financière ou boursière. C’est le sang de toute une société mélangée et multiculturelle. C’est l’Armée de Valmy, et non celle de Blackwater.

La Marseillaise toujours, car chant des opprimés et chant de toutes les libertés, premier chant en cette Russie de 1917 qui rêvait de libertés, avant l’International et sa lutte des classes qui fit que d’autres damnés de la Terre prirent place dans les goulags !

La Marseillaise pour l’Humanité, sans exclusion, sans compromission sans exception.
Il suffit de relire les paroles des deuxième et troisième strophes ; toute sa quintessence y est. Les « fers longtemps préparés », ne sont-ils pas la métaphore de la culpabilité collective et de la condamnation sans jugement, deux abominations juridiques relevées par la Convention de Rome de 1950 ? « L’antique esclavage », n’est-il pas le symbole parfait de la négation de tout progrès et des libertés individuelles d’expression, de conscience, de réunion, tels que reconnus dans notre propre Constitution, car l’esclave n’a ni projet ni avenir? Quant à « Nos fronts sous le joug se ploieraient. De vils despotes deviendraient les maîtres de nos destinées ! », que dire de mieux et comment ne pas penser au droit individuel et collectif de choisir son avenir? Comment ne pas penser à la Syrie, aux revendications des Indignés, aux révolutions arabes ? Quant aux droits des femmes, tout est dit ! Ce sont nos « compagnes », soit celles d’égal avec qui le pain est partagé (cum panis), et non pas offert ou cédé qui obligerait celle-là à tendre la main à celui-ci. Les enfants ne sont pas plus oubliés, « jeunes héros » qu’il faut protéger et éduquer, car eux aussi auront à se préoccuper demain de défendre la Liberté en une exigence jamais terminée.

Et si c’est la Patrie qui conduit et soutient « les bras vengeurs », si cette Patrie doit fournir les moyens de répondre à l’outrage fait à la Liberté, cette Patrie-Etat n’existe et n’a de légitimité que parce qu’elle est Terre de Liberté. C’est donc la Liberté qui est à la fois la source, le but et la limite de la force qui est appelée à son secours. Source, car c’est elle qui donne le droit à la défense et non pas l’agression (principe repris depuis dans la Charte de l’ONU), qui combat « avec ses défenseurs ». But, car c’est elle dont « le triomphe et la gloire » sont espérés en ce compris pour les autres. Limite, car il s’impose d’épargner l’ennemi servilisé par un régime totalitaire qualifié de « triste victime » qu’il faut aussi libérer (le droit d’ingérence).

Alors oui, j’aime la Marseillaise, autant celle chantée par Ch. De Gaulle, car il y a eu le 18 juin 1940 que celle chantée par un juif alcoolique rescapé des camps, le poing levé, seul, face à une dizaine de para. Mes Frères d’Arme se sont trompés ; ce soir-là, Gainsbourg était la Marseillaise de cœur et d’âme !

Et si vous doutez de la puissance de ce chant, souvenez-vous que notre premier ministre six fois démissionnaire, l’a entonné un jour de 21 juillet. « Erreur », nous a-t-on priés de croire ! Je ne le pense pas, Y. Leterme annonçait clairement son point de vue quant à l’avenir des francophones, lui qui a traduit depuis longtemps la Brabançonne en Vlaamsleeuw. Alors, il me plait d’imaginer qu’un jour, lors d’un congrès, le Président Di Rupo, lui aussi, commence à chanter. Celle-là, on l’entendra de Liège à Marseille, de Bruxelles à Paris et de Moscou à Washington.

La Marseillaise (Version officielle actuelle)

1er couplet:

Allons enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L’étendard sanglant est levé, (bis) Entendez-vous dans les campagnes Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras Egorger vos fils, vos compagnes !

Refrain

Aux armes, citoyens, Formez vos bataillons, Marchons, marchons ! Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !

2 ème couplet:

Que veut cette horde d’esclaves, De traîtres, de rois conjurés ? Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis) Français, pour nous, ah ! quel outrage Quels transports il doit exciter !
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !

3 ème couplet:

Quoi ! des cohortes étrangères Feraient la loi dans nos foyers ! Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !

4 ème couplet

Tremblez, tyrans et vous perfides L’opprobre de tous les partis, Tremblez ! vos projets parricides Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis) Tout est soldat pour vous combattre, S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux, Contre vous tout prets à se battre !

5 ème couplet:

Français, en guerriers magnanimes, Portez ou retenez vos coups ! Epargnez ces tristes victimes,
A regret s’armant contre nous. (bis) Mais ces despotes sanguinaires, Mais ces complices de Bouillé, Tous ces tigres qui, sans pitié, Déchirent le sein de leur mère !

6 ème couplet:

Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis) Sous nos drapeaux que la victoire Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

7 ème couplet:

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n’y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière,
Et la trace de leurs vertus (bis),
Bien moins jaloux de leur survivre,
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil,
De les venger ou de les suivre

NB: le septième couplet, dont l’auteur reste à ce jour inconnu, a été ajouté en 1792.

 

Yves Demanet
Avocat