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L’Avocat de Noël

 

Noël ! Fête éternelle.  De la Mésopotamie à Stonehenge, des fraternisations de ’14 à Bagdad. Renaissance de la Lumière, Recréation du Monde, Espoir en l’Enfant réinventant l’Humanité.

Noël : les cadeaux, le sapin, la famille, la chaleur de la maisonnée, la confiance  faite au Futur.

Voici l’histoire.

Un jour de Noël, un chien apeuré se précipite dans les pieds d’une dame d’un âge avancé, se tenant à l’accueil de ses hôtes sur un pas de porte.

On le rentre, on lui donne un peu d’eau, quelques croquettes canines et on s’en inquiète.

L’animal est bien entretenu, il porte un collier mais pas d’identification. Que faire ? Le chien est inconnu du voisinage, la SPA ne répond pas. On décide de déranger la …Police.

L’accueil est d’abord incertain voire hivernal. En ces temps troublés et en ce jour particulier, alerter les policiers pour un chien égaré, relève de l’inconscience ou de la prétention.

Pourtant, le confrère(1) trouve les mots, il reconnaît qu’il y a certes bien plus prioritaire, que sa démarche peut paraître incongrue, abusive voire injurieuse mais il ajoute à peu près ceci.

« Ce chien appartient à une famille où sans doute, peut-être, il y a des enfants. Nous sommes à la veille de Noël, je vous demande de m’aider à ce que ces enfants ne soient pas tristes. Ce n’est pas bien d’être triste à Noël. »

Le policier entend, fait silence et répond.

« Non, ce n’est pas bien, je vous envoie une équipe. »(2)

Deux maîtres- chiens vont se déplacer, la puce électronique sera lue, le chien identifié et embarqué.

L’histoire continue : au lieu de déposer le chien à la SPA et très éventuellement inviter le propriétaire à le récupérer, ils vont prendre le temps de le conduire eux-mêmes .Mieux, ils repasseront chez l’hébergeur pour lui dire la joie du chien et de toute la famille dont…les enfants.

 

Alors, mon historiette sent la guimauve et le bonbon acidulé ; « dérisoire », elle emporterait la dérision ??? Un chien ? Que vaut un chien face aux explosés de Syrie, aux crucifiés d’Irak, aux écrasés d’Ukraine, aux noyés de Méditerranée, aux filles du Soudan, aux rêves de mort des vieux casés en homes comme d’autres en soins palliatifs. Un chien ! Nos trottoirs portent la honte des sans- abris, nos ponts se lanternisent des désespérés, nos restaurants commémorent M.Colucci en réinventant la soupe populaire de 1930. Un chien qui sans doute aurait été retrouvé, qu’une famille n’avait qu’à mieux garder. Un chien ? » Mais la Police a tellement mieux à faire, mon bon Monsieur » .La proportion de l’enjeu, la proportion des moyens. Ce chien a coûté combien ? Trois policiers, un véhicule, une recherche, du temps, de l’argent. Tout ça pour un « biesse ‘t chin ! » . Vous êtes fous !

 

Malheur à ceux qui n’ont pas compris et ont oublié la leçon : »Tout ce qui s’achète ne vaut rien. »(3). Ce sont les mêmes qui ferment une entreprise bénéficiaire, définissent des priorités, des coûts, des ordres de grandeurs et y voient l’ultime vérité comme si la réalité se réduisait à un calcul, économique ou autre. Ont-ils un jour seulement entendu Brassens chanter « pour l’Auvergnat » ?

« Mon cher zombie, puisque vous êtes déjà mort même si vous souriez d’un doux mépris, que vaut la morale, l’éthique, l’amitié ou l’amour, que vaut la chaleur du moment partagé, le sourire d’un être , l’éphémère coucher de soleil, l’évanescence d’un parfum, le chant d’un loup, une note de Bach ? Que vaut la Vie car il n’est pas « rentable » de vivre et personne n’a jusqu’ici emporté ses économies de l’autre côté du rivage ? »

Que vaut la joie du chien  ??? Rien ! Absolument rien ! Et pourtant l’Univers n’existe que pour cela ;  mais les morts, soient-ils encore vivants, ne le voient plus.

 

Tant qu’il y aura des Avocats ainsi, tant qu’il y aura des Policiers ainsi,  Noël sera un peu plus beau, le Monde un peu moins laid et l’Humanité crédible.

 

Yves Demanet
Avocat

 

(1)Me C.V. se reconnaîtra.

(2)Police secours Charleroi, centrale téléphonique 24 décembre.

(3) F.Nietzsche…évidemment.